|E.n.u.c.l.é.e|
Un jour, j'ai écrit :
« Admiration sans émulation, je
peindrais bien toutes tes lettres au feutre fluorescent. Ton émouvant talent
ébranle l’Olympe de mes chimères : par l’écho naît la troisième dimension,
l’étoffe, et le velours. »
Ce crépuscule encore, c’est en lisant Lui que les mots, que certains mots, enfin ont surgi.
[What remains of beauty, by Violator3]
*
L’enfant court pieds nus à travers la pièce, sur le lit se jette, là, dans les
draps s’enroule frénétique. Il tremble, il respire le plus fort qu’il peut, il écoute
l’air, l’air entrer dans ses poumons. Le silence est vaincu, l’angoisse ? Pas
encore. Tu n’es plus une enfant, toi, tu te tournes, dos à l’œil, les os à
découvert : le regard que tu fuis, cet iris aiguisé, s’enfonce, lentement,
dans ta peau blessée, car lui, as-tu oublié ?, lui te voit, et lui sait.
Belle martyr, vos beaux yeux ne me feront pas mourir. Ta
peau est molle, tes seins douillets. Tout entier ton corps se tend, se tord,
vers mes crocs, et j’aime, j’aime, oh, tellement, caresser ta nuque du bout des
dents. Délicieuses lèvres murmurent des pardons, chère, oublie donc le salut, veux-tu ?,
dans toute cette poussière, en quoi encore peux-tu croire ?
Assieds-toi là, tendre, je te laisserai sourire, nous parlerons
en vers, oui, un à un, ils tomberont de ta bouche, mourront à nos pieds.
Assieds-toi là, pauvre idiote, parlons enfin, d’amour et d’abîme, d’amants qui
abîment.
Je te connais si bien, si bien, tu n’as jamais voulu apprendre. Je voulais
danser pour toi, libérer ta gorge, tes mots sales et tes sanglots m’ont fait
menace pesante, ombre omnisciente.
Une fois, deux au plus, tu as crié : seule, tu ne peux fermer ces
paupières translucides,
seule, tu as peur de l’être.