|L.e.t.m.e|
Laissez-moi
parler de Lui.
Hors clameur : douce exhalaison d’un amour parfumé.
L’Homme
s’acharne à mettre sous cloche les fugaces, gracieuses volutes des sentiments.
Tel un enfant malveillant, il observe mourir l’insecte qu’il a enfermé dans une
prison de verre. Bientôt, il sanglote car son jouet expire ; puis repart
en quête d’un nouveau pantin. Musset avait pourtant prévenu : on ne badine
pas avec l’amour. A vouloir rendre l’éphémère éternel, l’Homme n’a pu empêcher
le désastre. Personne ne l’a compris, puisque personne n’a daigné le croire. En
refermant ses doigts boueux sur la pureté d’une émotion, il en a étouffé la
spontanéité.
Alors enfouir à grands coups de pelle cette coruscante tendresse sous un tas de
vocables grassouillets, est-ce prudent ? Je doute encore. Mais je poursuis tout
de même, parce que je ne cherche ni ne veux votre prétendue intellection.
Comme… Rescapée d’une longue apnée. Poumons déchirés par cette bouffée d’air,
le souffle d’une vie qui a failli trépasser.
Une mélodie sans parole m’indique la ponctuation. Cette seule musique,
génitrice et accoucheuse d’une passion qui existait avant le monde lui-même.
Lui.
Trois
lettres, un million d’antinomies. Quelques secondes de trop, l’horloge est
déréglée.
Un murmure, mon existence compromise, corrompue, traîtresse trahie.
Lui, le zénith qui dissipe les
ombres malvenues.
Irradiée,
éblouie, calcinée, phoenix doré.
« Partons. » Je l’ai suivi. Dans ses yeux se dessinait la promesse.
Au creux de sa main, la confiance. Euphonie. Deux cœurs, un unique rythme. Deux
âmes, et cette valse immortelle.
Passé
composé et futur proche. Ou plus que parfait.
La profondeur des Enfers,
Rédempteur délétère.
Le pieu
et le marteau.
L’alter, et l’écho.
Ma raison,
ma folie.
Ma dévotion, mon envie.
The
Remains Of The Day.
Le soleil
couchant se lève, le sang dilué de ses rayons nous enveloppe.
Le doigt
posé sur ses lèvres, j’apprends le silence.
Ecoute(z). We are there.
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