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8 avril 2007

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Mucc à Paris, à la Loco le 25 mars 2007.

Après une news de cette augure-là, je me suis dit "Ouais. Ben pas de MUCC cette année, Cherry". Et j'ai fait semblant de m'en foutre.
Mais tout le monde sait bien que moi, je sais pas, faire semblant.
Le temps a passé, et plus on approchait de l'échéance, plus cette boule dans mon ventre, dans mon coeur, prenait de la place. Rater MUCC. Alors que ça faisait un an que je les attendais, que je l'attendais, que j'avais pris toutes les résolutions du monde, c'est à dire que j'avais prévu de rattraper tout ce que je n'avais pas eu l'occasion de faire la première fois.
Et puis, on ne sait pas trop comment, je suis à Paris, le samedi 24 mars, seule, ou presque. Et si Quentin n'est pas là, moi je le suis bel et bien, et demain, et demain ce sera LE jour. Ce jour là, précisément, qui par sa simple nature m'a empêché de dormir tant de nuits.

Je rencontre Annabelle, je revois enfin ma Niji, encore ce temps qui passe si vite. Chez Niji, on ne dort pas, trop fatiguant. On parle, de tout, de rien, surtout de ce genre de choses qu'on ne dit jamais la première fois, ce genre de choses qu'il ne vaut mieux pas évoquer, par peur de les entâcher.
5h30, on se dit en riant qu'il nous reste 30 minutes à dormir, ha. Faut dire que ça fait 3h qu'on compte les minutes qu'il nous reste avant de se lever. Est-ce qu'on a vraiment fermé l'oeil, pendant ces quelques secondes de répit, je ne crois pas. L'excitation, c'est pire que trente tasses de café.

Après un "réveil" particulièrement ardu, on s'habille, on se maquille à peine, et on marche en traînant des pieds. Deux heures plus tard, 9h, nous voilà devant la Locomotive, dont la devanture est déjà squattée depuis une cinquantaine de personnes, dont une dizaine ayant passé la nuit là. Dégoûtée, je me range dans le rang en dormant debout les yeux ouverts. Cette file d'attente, quelle horreur. Des concerts que j'ai fait, jamais je n'ai vu un tel bordel, même pour Maiden ou on était quelques dix milliers de plus. Je suis là, avec mon jean et ma chemise blanche, et je vois les plus étranges spécimens. Certains d'entre eux n'entreront même pas dans la salle, 8h plus tard, prouvant bien que le look et la parade sont les principaux attributs du visualo-fashion de base.
Les paroles glacées de Libra dans la tête, je tapote le trottoir du bout de mes Creepers, le regard rivé par terre, et l'ombre d'un car immense passe devant moi. Je me rappelle avec un petit sourire la camionette minuscule qui était arrivée, le groupe à son bord, dans la rue du Poste à Galène, le 11 mai 2006. On devra attendre bien 2/3h avant de les apercevoir. De ce côté, rien n'a bien changé. Ma seule minute d'inattention me punit rudement : je tourne la tête en entendant les cris hystériques et un bonnet noir me passe devant, tête baissée. Paralysée, je regarde de nouveau à ma gauche, et Miya, Yukke et Satochi suivent Tatsurou dont je n'ai même pas pu voir le visage. Je tens le T-shirt Motorhead que Kiwi voulait offrir à Yukke pour s'excuser de son absence, Yukke le refuse avec un signe négatif de la tête. Je suis là, sur le bord de ce trottoir parisien, les bras ballants, et mon regard vide s'emplit vite de larmes. En voyant les photos de leur passage éclair devant la salle, je me demande même si on a tous vu la même chose.

A partir de là, la queue change radicalement. Impossible de bouger tant les gens se bousculent, impossible de ne pas crier, aussi, tant les gens nous doublent. On se retrouve vite devancés par une cinquantaine de nouveaux arrivants. Je n'ai pas dormi, à peine mangé, il me reste deux heures d'attente, je ne l'ai vu qu'une seconde, sans même croiser son regard, je me demande comment je vais tenir jusqu'à ce que les portes s'ouvrent.

Et quand elles s'ouvrent en effet, je retrouve cette poussée d'adrénaline. Je cours jusqu'à la fosse, je me retrouve au troisième rang, bien loin de la scène, en fin de compte. J'ai une assez bonne vue, même si, comme d'habitude, ma petite taille me fait défaut et que je risque de ne pas bien voir Miya, à ma droite. J'ai choisi ma place de façon à être, comme l'an dernier, face au micro. Je suis vite écrasée par deux, voire trois centaines de personnes, qui sont aussi agités que si le concert avait déjà commencé. Après les dernières minutes d'attente insupportable, ils entrent sur scène, de bien meilleure humeur que tout à l'heure.

A partir de là, je ne sais plus ce que j'ai vu, ou pas. Les premières chansons, Gokusai et Nageki no Kane, sont ultra violentes, comme je l'avais présagé, et je n'ai déjà plus d'air. De tous les concerts que j'ai fait, jamais je ne me suis sentie aussi compressée. Faible comme je l'étais, je n'arrivais même pas à me dégager. Même moi, qui suis habituellement particulièrement robuste quand la foule est agitée de la sorte, je n'ai pas pu.
J'ai passé mes deux premières chansons, mes préférées du nouvel album, à tenter de me dégager des deux cent excités derrière moi, pour avoir un peu d'air à l'arrière. Après être sortie de la fosse, je comprends mon erreur : non seulement je ne vais plus rien voir du concert, mais en plus je ne pourrais plus y entrer. Ce qui signifie : pas de médiator, pas de baguette, pas de cadeau jeté sur scène, pas d'expression précise de leurs visages, pas de cette force phénoménale procurée par la foule, quand on en fait partie. Tremblant de tous mes membres (pousser 2/300 personnes à la simple force de ses bras...), je recommence à pleurer, mais pas comme la première fois que je les ai vu. Je crois que ça s'appelle "avoir les nerfs qui lâchent". Mais c'était pas franchement le moment.

Une fois un peu calmée, je tente de trouver une place convenable pour voir un peu le concert, parce que mine de rien, j'ai fait tout ça pour ça. Je me place tout près du caméraman, sur une boîte en hauteur, tout au fond de la salle. De là, j'embrasse toute la scène, et je peux apercevoir les zooms à travers l'objectif de mon voisin. Je ne saurais pas décrire le reste du concert, à part en détails factuels inutiles. La force des sentiments qui m'ont envahis était bien moindre par rapport à l'an dernier. De peur de faire tomber tout le monde en m'agitant trop, je reste à peu près statique, en simple spectatrice passive, comme si je regardais un DVD en 3D, debout dans mon salon.
Mais. Mais comment expliquer ce que ce pût être, au moment où ils ont joué avec des sourires radieux et sincères les meilleurs morceaux. Libra prend une dimension fantastique en live, même Yasashii Uta que je ne supportais pas est rendue particulièrement jolie quand ils la jouent en direct. Le concert passe sans que je n'aie le temps de me rendre compte qu'il faut que je savoure chaque moment, parce que bientôt tout sera fini. En fin de compte, je crois que je n'aurais pas pu écrire un reportage sincère pour Orient-Extreme. Ce n'aurait été qu'un mélange de ce que j'ai entendu dire du concert et de ce que je sais de la setlist.

Je ne me rappelle de rien.

La seule chose dont je suis sûre, c'est qu'une poupée gonflable est passée dans le public jusqu'à la scène, que Tatsurou l'a jetée sur le côté pour que le staff la prenne (il voulait peut-être la garder pour plus tard), que les gens n'arrêtaient pas de se jeter dans le public, de monter sur scène, que la plupart d'entre eux ne voulaient pas tant des sensations fortes qu'être remarqués par la caméra, je sais aussi que Tatsurou n'a pas toujours chanté juste, et que Miya avait vraiment l'air de s'éclater. Je sais que mon coeur battait fort, ce dimanche-là, et je sais que sur le coup, c'était bien mieux que maintenant que je le raconte, à froid, à froid, vraiment.
En sortant de là, je voulais être fidèle à la promesse que je m'étais faite l'an dernier : les attendre, cette fois, et me faire dédicacer mon poster, les attendre et ... aussi pathétique que ce soit de le dire ... pouvoir les regarder en face, dans la seule seconde d'attention qu'on peut espérer d'un artiste, quand il vous regarde vraiment. Une heure et demie plus tard, ils ne sont toujours pas là. J'ai l'idiotie de partir alors qu'ils ont effectivement signé dehors, pendant un long moment. J'ai laissé ce moment aux autres, et je me retrouve à devoir attendre une année de plus, à reporter ma promesse manquée à l'an prochain.

Je regarde ce que les gens ont pu filmer, et je me dis "quelle chance qu'ils y soient allés", oubliant un instant, que moi aussi j'y ai assisté. Je suis bien négative dans cet article, et pas vraiment précise quand au contenu du concert lui-même, je suis désolée, autant pour vous que pour moi...mais vous savez...

Rien ne pourra valoir un tel moment, jusqu'à ce qu'ils reviennent. Rien.


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Commentaires
B
Des moments inoubliables entachés par ce petit gout amer...<br /> Je suis persuadée qu'ils reviendront. Le succès était au rendez-vous, ce serait bête de leur part. Je ne vois pas pourquoi ils ne feraient pas d'autres concerts en France... <br /> alors patience ma n'Aurélie. Même si ça va être long d'attendre.<br /> Et cette fois-ci, tu l'auras ton regard, tu l'auras ta dédicace. Foi de Baka-hachi! <br /> <br /> Des poutoux sucrés.
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