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|H.e.d.o.n.i.h.i.l.i.s.m.e|
18 novembre 2006

|P.e.z.z.o~d.i~m.e|

A ffliction apparentée à l'absolu. Chaque atome de désespoir de ce monde à peu près tactile se greffe sous ma peau comme un tatouage, dessine sous ma chair des volutes noires, peut-être des mots dans une langue que je ne connais pas.

J e suis un nautonier plus mort que les anciens vivants. Je porte les marques de l'ancienne vie de chaque personne s'étant assise dans ma frêle embarcation. J'ai essayé, une fois ou deux, d'aller à contre courant, de ramener ces pauvres âmes perdues vers la rive gauche. Mais pensez-vous. Ce n'est pas mon rôle ici bas. J'ai été crée, mi-morte mi-vivante, pour conduire vers le bas. Les mots s'ammassent dans ma gorge, menacant de la faire exploser, chaque fois que je tente de rassurer les plus effrayés. Ce n'est pas mon rôle ici bas. J'ai été crée, mi-morte mi-vivante, pour crever chaque soir et revenir à la vie chaque matin.

A vec mon bâton de colle bon marché, je m'efforce de faire tenir ce sourire dessiné à la hâte.


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U ne grande salle de bal. Des talons qui résonnent. Un rire cristallin. Une traîne qui balaie le sol, couvrant de poussière le velours pourpre. L'écho lointain d'un chuchotement. "Just kill me". Ses longs cheveux ondulés illuminent la pièce, se déploient autour de ses épaules alors qu'elle tourne, qu'elle tourne encore et encore, à en tomber par terre. Elle rit, elle rit, elle rit face aux mosaïques sur le plafond qui sent encore la peinture fraîche. Elle rit, et le soleil embrase ses joues roses. Et elle ferme les yeux. Elle sait encore rire. De toutes ses dents blanches, avec la grâce propre à son espèce mythique.

E lle pose ses doigts sur la vitre embuée. Puis ses lèvres. Et son front. De la fumée blanche s'échappe de sa bouche aussi parfaite que si c'était le plus talentueux des artistes qui l'avait dessinée de la pointe de son fusain. Fébrilement, elle trace un coeur du bout de son doigt gelé. A travers le verre, la neige. Les maisons obstruées par des montagnes blanches. Une petite fille triste, un bonnet tordu fiché sur sa petite tête rougie par l'air froid, recroquevillée contre une poubelle éventrée. Elles se regardent, furtivement, et l'enfant prend la fuite, courant aussi vite que ses petites jambes le lui permettent, laissant de minuscules traces de pieds derrière elle.
D es ronces commencent peu à peu à s'insinuer dans la pièce, par l'étroite fente entre les deux grandes portes d'entrée. Une fissure morcelle un pezzo di muro.

E t ma Muse perd son si joli sourire. Elle rassemble ses partitions, prend le petit coffret qui renferme sa jolie voix et le serre contre son sein. Ses doigts glissent sur la poignée des fenêtres. Ses doigts glissent. Ses doigts glissent. Elle glisse. Elle tombe. Et moi avec.

J 'ai oublié ce que ça fait, de se libérer de ces mots qui pourrissent au fond de moi, à m'en rendre malade. Je les sens, se désagréger, ronger mes organes, s'infiltrer dans mon sang, défiler sur ma rétine. Seul un mot ne tente plus d'imposer sa présence.





Hurler


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Commentaires
B
Ce texte...<br /> *frissonne*<br /> Ces mots...<br /> N'Aurélie tu as un don extraordinaire. Ta plume me touche au plus profond de mon être.<br /> <br /> Mille kisu saupoudrés de calins
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