|Avoir peur. Avoir tort. Avoir mal. Avoir envie.|
Avoir peur d’avoir tort d’avoir
mal d’avoir envie.
Barthes trouve la langue fasciste. Je dois avouer qu’il a visé juste. La langue oblige à déformer les ouragans intérieurs, à les enfermer dans de minuscules boîtes. Kundera appelle ça les « mots incompris ».
Cette idée me terrifie. En vérité, il faut toujours éviter d’affirmer : « Je comprends ».
On ne comprend pas. On ne se comprend pas.
Les mots déferleront. Je parlerai d'art, de littérature, de l'amour et de la mort. Je parlerai des critiques, de l'insoutenable légèreté de l'être, des Jardins du Luxembourg et des montagnes à escalader à mains nues. Je parlerai de la puanteur de l'homme, de la pureté des ivrognes, des nouvelles mesures éducatives et des mélodies qui se coincent dans la gorge.
Je parlerai des vertiges, de l'"étourdissant, insurmontable désir de tomber."
Je parlerai des douceurs fallacieuses du savoir, et, inévitablement, du rire de Dieu.
Bientôt, je parlerai, les mots formeront de petites tâches rondes, qui s'étaleront sur les écrans, qui sans doute se rencontreront et formeront un puits sans fond.
Peut-être qu'alors on comprendra qu'il vaut mieux ne pas comprendre.